.... sont parfois les meilleures.
La route est bosselée. Elle rentre dans la catégorie des revêtements ignorant ce qu’est la planéité. Je me rends de Tarbes à Pau et j’ai décidé de prendre cet itinéraire, pas très rectiligne, faisant confiance à mon GPS personnel, niché dans mon cerveau, nourri depuis bien longtemps par mes voyages réguliers. Aussi efficace qu’un Garmin machin chose ou Tom Tom bidule, quelque chose entre l’instinct, le sens de l’orientation, le ressenti et l’observation de son environnement.
La route est étroite, monte puis descend, traverse de très beaux bois, offre toutes les variétés de virages.
Je suis parti doucement et j’ai progressivement accéléré le rythme, mis en confiance par le train avant. Il efface toutes les inégalités, je sens bien qu’il travaille, mais la fourche, la roue de 21 pouces, les rayons souples absorbent tous ces petits chocs.
Même les épingles à cheveux parsemées de trous et de bosses ne m’inquiètent pas ; la Transalp virevolte au gré d’une impulsion sur le guidon, d’un mouvement du bassin.
Je profite des courtes lignes droites pour admirer furtivement le paysage mais c’est avec délectation que j’aperçois au loin la prochaine série de virages, essayant de la lire au mieux pour préparer mes plus belles trajectoires, dans ce style coulé, dénué de freinages violents, que j’affectionne tant.
Je m’applique à passer les vitesses le plus proprement possible, et la boîte douce et précise de ma moto me facilite la tâche.
J’ai le sentiment de survoler les obstacles, de maîtriser le moindre centimètre carré de goudron ; Aujourd’hui, je sais que ce sentiment de plénitude va m’accompagner tout au long du parcours. La route est mon amie.
Au fur et à mesure que je m’approche de Pau, la vue se dégage, les champs remplacent les forêts, les Pyrénées se montrent, au loin, dans la brume de chaleur qui les enveloppe.
Je savoure ces derniers kilomètres, j’écoute le doux chant du V-twin qui m’a accompagné dans ces cinquante kilomètres de bonheur motocycliste.
Je bifurque sur la droite, dans l’impasse du quartier, j’arrive devant le garage, je déploie la béquille latérale avant l’arrêt total de la moto qui se pose dessus dans un tempo bien maîtrisé.
Une courte virée, mais avec un bonheur infini ; j’ai bien fait de renouer avec la Transalp !
